A propos du Motion Comics...
Popularisée dès la fin des années 30, la bande dessinée a longtemps souffert d’une piètre réputation.
Taxée de sous culture, accusée d’être à l’origine de toutes les perversions, elle fit l’objet aux Etats Unis, d’une véritable chasse au sorcière vers le milieu des années 50.
Cette situation poussa les différents intervenants du marché à créer le «Code»: un label de moralité sans lequel aucune publication ne pouvait être distribuée. Beaucoup d’éditeurs indépendants n’y survécurent pas.
Si cette contrainte n’abattit pas totalement la BD, elle étouffa temporairement une partie de son potentiel d’évolution.
Il fallut attendre les années 60 avant que certains auteurs ne parviennent à dépoussiérer les règles d’un medium englué dans une relative sclérose. En contournant habilement les exigences du code, ils souhaitaient rendre leur travail accessible à un plus large public et offrir ses lettres de noblesses à un art trop souvent considéré comme mineur. Cette micro révolution passait par le renouvellement des techniques de mises en scène, l’approfondissement de la psychologie des personnages et la variété des thèmes explorés.
Chez Marvel, les personnalités complexes des héros crées par Stan Lee brisaient les stéréotypes et facilitaient l’identification du lecteur. Chez DC, Neil Adams a orienté son travail sur Batman dans le même sens.
La fin des années 70 connu une seconde révolution. En plongeant dans ses racines, Will Eisner publia en 1978 « A contract with God ». Ce livre fit l’effet d’une bombe. Pionnier du concept de « Roman graphique », Eisner parvint à hisser la BD au rang de véritable littérature, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle génération d’oeuvres.
Ces dernières années, l’évolution de la bande dessinée s’est produite conjointement à celle du cinéma. En adoptant des points de vue de mise en scène forts, beaucoup d’auteurs et de cinéastes apportèrent nouvelle dimension à leur travail. Si le rapprochement des deux média à eu lieu sur un plan visuel et scénaristique, peut on en dire autant de leur caractéristiques intrinsèques ?
Depuis son invention, l’évolution de la bande dessinée a été marquée par sa profonde volonté de «dépasser le carcan de la case ». Quelque soit le génie dont ces auteurs ont su faire preuve, le seul obstacle auquel ils se soient heurtés reste le fameux support papier...
Les outils multimédias dont nous disposons aujourd’hui offrent des possibilités de création infinie. Pouvons nous envisager de libérer la bande dessinée de son support traditionnel, tout en préservant intact le plaisir de sa lecture ?
Il s'agirait donc d'offrir au lecteur une part de rêve supplémentaire, en lui permettant de plonger au cœur de l’œuvre. Cette volonté passe par le développement d’un nouveau médium, au carrefour de la bande dessinée et du cinéma. C'est toute l'ambition du principe "Motion Comics". La case devient alors plan... et la planche, montage. L'équilibre subtil entre images, sons et dialogues offrent une dimension nouvelle au principe de narration à partir d’images fixes.
Si l’on considère que la notion de papier n’existe plus, le Motion Comics ouvre de nouvelles possibilités visuelles et narratives au service de l’émotion du spectateur. Ce procédé peut s’appliquer à tout type d’œuvres, de styles graphiques et de scénarios.
Enfin, la simplicité de sa mise en oeuvre et la parfaite maîtrise de ses coûts de fabrication rendent ce médium parfaitement adapté aux nouvelles règles du marché de l’audiovisuel et de la communication.
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