A l'occasion d'un séjour au château, un marchand ambulant perd une flûte magique à six trous. Celui qui entend sa musique se met à danser de façon irrépressible jusqu'à l'épuisement. Après avoir été récupérée par Pirlouit, le brigand Matthieu Torchesac la lui dérobera dans le but de s'en servir comme une arme. Johan et Pirlouit partiront à sa poursuite. Pour le contrer, ils devront se procurer une autre flûte enchantée et rejoindre pour cela le Pays Maudit, habité par "Les Schtroumpfs"
On peut considérer cette trop courte série comme l'une des meilleures jamais concue.
Paru dans le journal de Spirou en 1958 sous le titre provisoire "La Flute à Six Trous", ce 9e album des aventures de Johan et Pirlouit reste notable à plus d'un titre.
L'intrigue générale se base sur la passion qu'éprouve Pirlouit pour une musique bien à lui. L'album inaugure un nouveau format en 60 pages au lieu des 44, qui offre l'espace nécessaire au développement de gags plus aboutis. Par exemple, la scène ou Pirlouit court à travers le château, surprenant les gens après avoir découvert les pouvoirs de sa flûte est d'une diabolique efficacité. La rumeur prétend que le personnage de Torchesac, méchant de l'histoire, bonhomme et hypocrite, aurait été inspiré à Peyo par les pères Jésuites chez lesquels il séjourna enfant.
Mais la "Flûte à Six Schtroumpfs" marque un tournant majeur pour une autre raison. Il s'agit de la première fois que les petits lutins bleus font leur apparition. Après avoir distillé le suspens nécessaire à la prépublication, Peyo ne dévoilera le nom ses créatures qu'à la planche 34. Le public devra attendre encore quelques semaines avant de les découvrir pour la première fois dans les pages de Spirou en octobre 1958. Les Schtroumpfs vivent alors au pays Maudit, paysage rocailleux et austère, bien loin de la forêt touffue que nous connaissons. Leur apparence n'est pas encore définitive. Leurs bonnets sont plus longs et leurs visages plus minces. Néanmoins, la barrière de la langue schtroumpf, déjà bien présente, vaudra à Pirlouit quelques dialogues de sourds qui resteront dans les annales. Malgré son effroyable complexité, celle ci doit obéir à des règles très strictes afin d'être compréhensible.
Pour l'anecdote les schtroumpfs sont nés à l'occasion d'un déjeuner entre Franquin, Peyo et leurs épouses à l'été 1957. En désignant la salière, le premier, cherchant ses mots demande au second de lui passer le "schtroumpf". L'expression les amusa tant, qu'il passèrent le reste du repas à converser en "schtroumpf".
A la parution, Dupuis était inquiet de la réaction des autorités francaises toujours très pointilleuses sur les questions de langage dans les bandes dessinées. Pour le rassurer Peyo lui assura de bonne fois que ces personnages, n'apparaissant que dans une dizaine de pages, seraient largement oubliés d'ici deux ans. Nous connaissons la suite...
La Flûte a Six Schtroumpfs - Peyo - Editions Dupuis 1960
La Flûte a Six Schtroumpfs - Peyo - Editions Dupuis 1960
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