Au moyen âge, le chef d'une révolte villageoise se fait tuer sous les yeux de son peuple par Mildiou, le dictateur local. Suite à un quiproquo la foule designera un lapin comme nouveau leader. Celui ci n'avait rien demandé mais trop tard... Face à ce nouvel affront Mildiou n'aura de cesse d'essayer de tuer le lapin, symbole involontaire d'une résistance à son autorité. Tandis que ce dernier ne pense qu'à raisonner son adversaire, une course poursuite absurde s'engage, sans qu'aucun des deux protagonistes ne parvienne à ses fins.
Si le dessin n'est, de son propre aveu, pas le fort du Trondheim de cette période, son style si particulier offre aux décors moyenageux une dimension féérique toute particulière. L'architecture du château évoquerait à l'extrême celle du célèbre palais du film "Le Roi et l'Oiseau" avec ses enfilades de pièces à n'en plus finir et ses escaliers vertigineux.
Derrière ses airs de plaisanterie improvisée se cache un plaidoyer contre la bêtise et la violence. On y trouvera aussi une description peu flatteuse des mouvements de foules aussi pleutres que forts en gueule, qui, tels les personnages des villes de Lucky Luke sont présentés comme s'il ne s'agissait que d'une seule et même personne.
Certains ont pu voir dans "Mildiou" la critique d'une certaine bd franco belge hyper stéréotypée, au coeur de laquelle gentils et méchants manichéens s'affrontent sans relâche pour le plaisir d'un scénariste paresseux.
Sans rentrer dans des analyses un peu vaines, je pense que "Mildiou" reste avant tout une histoire fort amusante qui comporte plusieurs degrés de lecture. Les joutes verbales réjouissante entre Mildiou et le le Lapin nous ramènent aux meilleurs pastiches du genre "cape et d'épée". L'excellence de la mise en scène donnent une vraie fluidité aux 150 pages que dure la poursuite infernale. Le récit s'adapte parfaitement au format de publication A5.
Le côté ubuesque de cette histoire évoque un cauchemar enfiévré dans lequel l'on s'enfonce à mesure que l'on cherche à y échapper. Outre son adversaire brutal et acharné, le Lapin croise au fil des pages, une galerie de personnages étranges qui apportent leur propre folie à une situation qui n'en a nul besoin.
La chute, aussi soudaine qu'inattendue, répond avec brio au simple malentendu par lequel tout à commencé.
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