Au cours d'un reportage sur les quais, Fantasio tombe nez a nez avec John Hélena (voir le Repaire de la Murène). Celui ci fiévreux, explique au reporter qu'il est tombé malade suite a une expérience épidémiologique qui a mal tourné dans la station Isola Red au Pole Sud.
Transporté chez Champignac, le vieux savant met au point un remède qui ne peut être efficace qu'a condition d'être mélangé à un ingrédient que l'on ne trouve que sur place. Spirou et Fantasio se rendront sur place pour sauver Helena et le reste de l'expédition.
"Virus" est le premier album de Spirou signé Tome et Janry. Au début des années 80, la maison Dupuis cherchait à donner un second souffle aux personnages. Après un passage éclair sans grand succès entre les mains de Nic Broca et du prolifique Raoul Cauvin, force fut de constater que la série méritait un sérieux coup de jeune.
En 1981, le destin de la license connu une courte période de flottement.
Tome et Janry tenteront leur chance en envoyant au journal "La voix sans Maître", une histoire courte qui fut très remarquée. Au même moment, le Spirou de Jijé renaissait sous la plume rétro d'Yves Chaland.
Après la parution de plusieurs historiettes, Tome et Janry signeront un contrat pour la reprise officielle du personnage.
Virus sera donc leur premier long récit publié entre les numéros 2305 et 2321 du journal de Spirou en 1982. Au fil des albums, les deux auteurs seront vraiment à la source de la resurrection du personnage qu'il animeront jusqu'en 1998.
Tome assure le scénario et les premiers crayonnés tandis que son compère se charge du dessin définitif.
A première lecture, "Virus" vibre comme un hommage à la patte graphique de Franquin. Les personnages reviennent à leurs fondamentaux. Fantasio se remet au reportage et le comte de Champignac fait son grand retour. Modernité oblige, le scénario et la mise en scène s'inscrivent dans une tendance plus cinématographique qui se confirma au cours des années suivantes. Une fois l'album ouvert les premières planches et le "cul de lampe" sur la page de garde mettent tout de suite le lecteur dans l'ambiance.
Cette histoire est menée tambour battant comme une course poursuite dans les décors de l'Antarctique. Peut-on y voir l'inspiration de Carpenter dont le film "La chose" sorti la même année, donnait la part belle au Pôle Sud ? La mise en scène est efficace même si l'on sent parfois quelques hésitations bien naturelles dans le cadre d'une telle reprise.
On regrettera parfois la trop petite taille de certaines cases. L'histoire et les décors que l'on nous proposent auraient peut être mérité de plus amples cadres.
Le Marsupilami, dont Franquin s'était gardé les droits, fait une courte apparition le temps d'une case sous forme... d'une peluche.
Globalement, on prendra beaucoup de plaisir à redécouvrir "Virus". Tome et Janry réussissent la belle prouesse de respecter l'héritage de leurs ainés en encrant le personnage dans une grande modernité de style.