Paru en 1975, "La Guérison des Daltons" fut publié dans entre les numéros 1 et 13 du journal "Nouveau Tintin".
Le professeur Otto Von Himbeergeist précurseur de la psychologie moderne, propose au Congrès des Sciences une théorie révolutionnaire. Les desperados et autres bandits sont des malades qu'il prétend pouvoir soigner. Comprendre leurs motivations intimes à la lumière de leurs traumatismes d'enfances permettrait de les guérir de leur comportement.
Afin de prouver sa théorie, Von Himbeergeist se rendra dans un pénitencier. Son choix se portera immédiatement sur les Daltons, qui, s'ils acceptent l'expérience se verraient offrir la possibilité d'une liberté définitive.
Lucky Luke, sceptique est en charge de surveiller l'opération. Alors que les premiers tests portent leurs fruits, les choses ne se dérouleront pas comme prévu.
Le professeur est présenté ici comme le précurseur d'une discipline qui connaîtra son essor grâce à Freud quelques années plus tard. La dernière case fait d'ailleurs allusion au grand homme sous forme d'un clin d'oeil presque coquin. Freud étant né en 1856, Goscinny se permet un petit anachronisme sans importance. D'ailleurs cette dernière case, assez évocatrice, est amusante à plus d'un titre.
Après "Tortilla pour les Daltons", Morris avait quitté Dupuis pour deux raisons. La première, car il souhaitait que ses albums paraissent en format cartonnés; chose que l'éditeur lui avait toujours refusé. La seconde, à cause de la censure dont il était victime. Selon Charles Dupuis, les danseuses de Saloon n'étaient entre autre pas les bienvenues dans une publication destinée à la jeunesse.
Dargaud permettra donc à Morris de s'exprimer plus librement. Cette dernière case est donc assez symbolique de la liberté d'expression que Dargaud offrira à l'auteur.
Bien ficelé, l'album se lit vite. Le scénario comporte un twist assez inattendu qui offre un second degré de lecture très intéressant sur l'univers de la psychanalyse.
Toujours soucieux de l'efficacité de son trait, Morris utilise certains raccourcis graphiques de façon très habile. Par exemple, page 21 le moment ou le professeur sort de la cabane pour partir en ville, l'oubli volontaire de ses yeux derrière les lunettes en dit plus long sur son état d'esprit que n'importe quel dessin.
Au cours du récit, le professeur réussira deux prouesses majeures.
Son discours provoquera d'abord une crise d'intelligence chez Rantanplan, et parviendra même à déstabiliser Lucky Luke en le poussant dans ses retranchements les plus intimes.
On notera enfin que l'album étoffe un peu plus les rôles de William et Jack, éternels faire valoirs du quatuor.
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