L'écriture de cette 10e histoire de la série fournit à Goscinny l'occasion de se replonger au coeur de ses souvenirs militaires.
Cet album est l'un mes préféré. M'y replonger me procure chaque fois un plaisir jubilatoire.
Afin de délivrer Tragicomix prisonnier des Romains et fiancé de leur amie Falbala , Astérix et Obélix sont contraints de s'enroler dans la Légion. Il devront le retrouver avant que celui ci ne parte pour l'Afrique où César affronte les troupes de Scipion.
L'expérience se révélera fructueuse mais ne se fera sans heurts... pour des centurions dépassés par les évènements.
Sur un plan idéologique, la critique d'une hiérarchie militaire imbécile semble ici assez évidente.
Toutefois en poussant un peu l'analyse, l'esprit de liberté qui animent les Gaulois atteint ici son paroxysme. La désinvolture de nos héros intégrée à une armée structurée jusque dans les cuisines frise le génie.
Les deux gaulois semblent si imperméables à la moindre forme d'autorité, qu'au delà de son refus, fruit d'une démarche consciente, nous sommes dans le déni total.
En plongeant leurs supérieurs dans un monde où les règles gratuites n'existent pas, les Gaulois imposent un choc des cultures aussi drôle que brutal.
La discipline Gauloise ne vaut qu'au service d'une volonté. En l'occurrence, celle de secourir leur ami.
Enfin, "Astérix Légionnaire" c'est aussi une vision de l'Europe unie. La peinture des diversités culturelles liées aux origines des membres de la Compagnie n'échappent pas à certains clichés, mais quelle importance ! L'ensemble prend et prouve que la bonne humeur finit par mettre tout le monde d'accord.
L'album fut écrit à une période ou l'on pouvait encore se permettre de pointer nos différences d'un doigt amusé, sans provoquer les foudres des hérauts de la bien-pensance.
Un mot enfin pour cette merveilleuse trouvaille autour des calembourgs en hiéroglyphes de l'Egyptien. Il fallait y penser, les auteurs l'ont fait !
Relisez "Asterix Légionnaire", ne serais-ce que pour la première des nombreuses raisons invoquées par Alain Chabat en parlant de Goscinny : "Parce que c'est rigolo."
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