mardi 10 janvier 2012

1994 - Seth - La Vie est belle malgré tout


L'autobiographie en bande dessinée est un exercice vu et revu... Maintes fois ressassé, l'exercice pourrait agacer. En racontant l'histoire d'un auteur angoissé, phobique d'une modernité qu'il s'évertue à fuir, Seth pourrait plonger son lecteur la tête la première dans une mer de clichés.

Il n'en sera rien. La fuite du personnage trouve son catalyseur. L'oeuvre créée ainsi sa différence à grands coups de sensibilité et de talent véritable. 
En parcourant de vieux numéros du New Yorker, Seth tombe par hasard en arrêt devant le dessin de Kalo, un artiste obscur dont la trace semble perdue depuis des lustres. Il se mettra alors en tête de remonter la piste de cet auteur tombé dans l'oubli. Au fil de ses maigres découvertes, on comprendra que c'est après lui même que court l'auteur. La reconstitution illusoire du passé de cet homme permet à Seth d'illustrer un avenir pétri de doutes. Très vite la quête de l'explication de la disparition professionnelle de Kalo résonne comme un transfert de ses propres angoisses: La peur de perdre ses acquis et la chute après la gloire.
L'exercice périlleux, nourri par cette quête obsédante et irrationnelle trouve ici une délicatesse et un équilibre tel, que le livre est considéré comme l'une des 100 meilleures BD de tous les temps. L'auteur évite l'écueil classique d'une autocritique hypocrite, et reste toujours cohérent dans sa démarche consistant trouver un sens à nos micros existence à l'échelle du temps. 
Une rééddition flatteuse chez Delcourt en 2009 rend à cet ouvrage toute la considération qu'il méritait.

La vie est belle malgré tout - Seth - Editions Delcourt 2009

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